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Vendredi matin, Stratégies annonçait la naissance d'Egaé, une agence pas comme les autres. J'avais loupé l'info concernant le départ de Caroline de Haas du cabinet de Najat Vallaud-Belkacem. Alors, en lisant cette info, j'ai eu envie d'en savoir plus sur cette agence d'un autre genre. Caroline a bien voulu répondre à mes questions. 

 

1. Comment a germé l'idée de créer cette agence ? Il existe des cabinets de conseils en organisation ou en ressources humaines qui interviennent sur ces questions, qu'est-ce qui vous a convaincue qu'un potentiel d'activité dans le domaine spécifique de l'égalité existait ? 

 

Egaé, d’égal à égale, est une agence entièrement dédiée à l’égalité femmes – hommes. L’idée est née de deux observations. La première, c’est que l’égalité femmes – hommes est régulièrement, voire quasi-systématiquement, oubliée. Les droits des femmes ont tellement progressé ces dernières décennies que, par un étrange effet d’optique, on a le sentiment que c’est presque réglé. Résultat, on oublie d’en parler. Par exemple, si vous faite un tour sur les sites des organismes de formation des élus, pas un seul ne propose une formation sur ces questions. La deuxième observation, c’est que lorsque de temps en temps des organismes généralistes se penchent sur le sujet, ils proposent des conseils ou des modules de formation pas toujours adaptés. J’ai assisté à des modules qui expliquaient par exemple que le temps partiel était surtout pratique pour les femmes car cela leur permettait d’avoir du temps pour leurs enfants. Comme si les hommes n’avaient pas besoin de temps pour leurs enfants…

 

Egaé, c’est donc une agence qui veut proposer aux entreprises, aux collectivités ou aux élus d’utiliser les outils de l’égalité. Ils sont nombreux : sensibilisation des salariés et des agents, formations des managers, plan d’action, rapport de situation comparée, communication. Ces outils, il suffit de les utiliser !

 

2. Pourquoi lancer cette agence aujourd'hui ?

 

J’ai passé un an au cabinet de la Ministre des Droits des femmes : cela a constitué pour moi une expérience incroyable. Souvent enthousiasmante, parfois frustrante, toujours très enrichissante. Après cette année, qui a été celle pour le Ministère celle de l’impulsion et de la mise en place d’une politique nouvelle en matière de droits des femmes, j’avais envie d’explorer de nouveaux horizons. Et pour dire vrai, de retrouver l’activisme féministe et ma liberté de parole politique qui m’ont un peu manqué !

 

3. Qu'est-ce qui constitue selon vous le principal frein à la progression des femmes dans les entreprises ?

 

C’est difficile de parler d’un seul frein. Les inégalités professionnelles sont multifactorielles. Il y a trois éléments qui doivent évoluer si l’on veut réaliser l’égalité. Le premier, c’est le temps partiel. 82% des travailleurs à temps partiel sont des travailleuses. Tant qu’il y aura cette répartition entre les femmes et les hommes, les premières seront toujours considérées comme une sorte de « salaire d’appoint » dans les couples. Le deuxième, c’est ce qu’on appelle la ségrégation des métiers. La moitié des femmes salariées sont concentrées sur un tout petit segment du marché du travail (15% des métiers). Ce sont des emplois de service à la personne, de nettoyage, de soins aux autres, dans lesquels le droit à la formation, les salaires, les progressions de carrières sont inférieurs à la moyenne. Enfin, le troisième élément, c’est le plafond de verre. Les femmes occupent encore aujourd’hui beaucoup moins de postes à responsabilité que les hommes. Dans les comités exécutifs des entreprises du CAC 40, on trouve entre 0% et 25% de femmes seulement. Et la majorité est plus proche de 0.

 

4. Pensez-vous que les collectivités locales et l'administration publique connaissent des situations semblables au privé ou bien leur contexte est-il un peu particulier ?

 

On peut répondre oui et non à cette question. La fonction publique est protégée par des règles strictes qui sont censées garantir l’égalité : grilles salariales, concours, indices, droit à la formation… Ce qui d’ailleurs a pour conséquence que bon nombre de responsables d’administrations publiques pensent que la question de l’égalité femmes – hommes les concerne moins. Il y a pourtant 13% d’écart de salaire dans la fonction publique. Et les femmes sont 5 fois plus à temps partiel que les hommes. Le contexte est donc particulier car les inégalités sont moins fortes mais elles sont malgré tout toujours présentes.

 

5. Plusieurs grands groupes du CAC 40 ont lancé des réseaux féminins, ailleurs comme chez SFR on trouve des associations de salariés gays, pensez-vous que ce type de réseaux soit l'avenir de la lutte pour l'égalité ?

 

Les réseaux de femmes en entreprises sont un outil parmi d’autres pour faire avancer l’égalité. Et franchement, vue l’ampleur des inégalités, tous les dynamismes sont importants ! Il faut par contre veiller à ce que les réseaux ne soient pas considérés par les entreprises comme des sous-traitants de l’égalité ou, pire, comme une sorte de caution (« Regardez, on fait l’égalité, on a un réseau de femmes ! »). Un réseau permet de rendre visible les inégalités (comme l’a fait le réseau Financ’ielles par exemple dans le secteur bancaire), de soutenir les femmes qui prennent des responsabilités ou encore de faire de l’égalité un enjeu de débat dans la structure (c’est par exemple le cas lors du Forum de la Mixité, en décembre, organisé par Emmanuelle Gagliardi). Mais un réseau ne peut faire le travail à la place de l’entreprise. C’est aux chefs et cheffes des sociétés de prendre leurs responsabilités et d’agir.

 

Coordonnées d’Egaé, d’égal à égale :

 

egaeconseil@gmail.com

http://egae.net

Twitter : http://twitter.com/EgaeConseil

Facebook : http://facebook.com/EgaeConseil

Tag(s) : #Discriminations